Textes


  1. UNIFE-ID
  2. Qui tuer
  3. Les cons
  4. Le pape
  5. Le jeune est méprisable
  6. Le jeune est admirable


Ce que je pense de l'UNEF-IDUNEF-ID
     L'UNEF-ID est un mythe, tout le monde en entend parler, mais personne ne les a jamais vu!
     Le camarade-partisant-de-L'UNEF-ID est un jeune, post-révolutionaire, néo-rebel qui lutteuh contreuh le systèmeuh. Ses idées sont préconcues, pré-digérées, bref c'est un jeune de base.
     Un petit communiste en herbe, de l'UNEF-ID, a maillé toute mon université pour crier haut et fort que grace à son parti (oups!) son syndicat, les copies des examens à venir seraient annonymes! Cette graine de révolutionnaire, signait courageusement 'New-Guevara'... Quel symbole!
     Au fait les copies annonymes, ça emmerdent tout le monde: l'administration et les profs à qui cela donnera du boulot en plus, mais surtout les étudiants pour des raisons plus compliquées... Résultat, pour la première fois depuis le 12 Juillet 98, une poignée d'individus a rassemblée toute la population universitaire autour d'une pensée unique : "L'UNEF-ID, c'est rien que des branleurs"
     Moralité : L'UNEF-ID, c'est comme les limaces, cela doit bien servire à quelque chose, mais à quoi?
02/99

Qui tuer

Un jour, en pleine nuit... mon médecin me téléphone: "Je ne vous réveille pas ?".
Comme je dormais, je lui dis: "Non".
Il me dit: " Je viens de recevoir du laboratoire, le résultat de nos deux analyses. J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer. En ce qui me concerne, tout est normal. Par contre, pour vous... c'est alarmant."
Je lui dis: "Quoi?... Qu'est ce que j'ai ? "
Il me dit: "Vous avez un chromosome en plus..."
Je lui dis: "C'est à dire ?"
Il me dit: "Que vous avez une case en moins !
Je lui dis: "Ce qui signifie ?"
Il me dit : "Que vous êtes un tueur-né ! Vous avez le virus du tueur..."
Je lui dis: "...Le virus du tueur ?"
Il me dit: "Je vous rassure tout de suite. Ce n'est pas dangereux pour vous, mais pour ceux qui vous entourent... ils doivent se sentir visés."
Je lui dis: "Pourtant, je n'ai jamais tué personne !"
Il me dit: "Ne vous inquiétez pas... cela va venir ! Vous avez une arme ?"
Je lui dis: "Oui ! Un fusil à air comprimé."
Il me dit: "Alors pas plus de deux airs comprimés par jour !"
Et il raccroche !!!! Toute la nuit... j'ai cru entendre le chromosome en plus qui tournait en rond dans ma case en moins. Le lendemain, je me réveille avec une envie de tuer...Irrésistible !Il fallait que je tue quelqu'un. Tout de suite !
Mais qui ? Qui tuer ?... Qui tuer ? Attention ! Je ne me posais pas la question : "Qui tu es ?" dans le sens : "Qui es-tu, toi qui cherches qui tuer ? " ou : "Dis-moi qui tu es et je te dirais qui tuer." Non !...
Qui j'étais, je le savais ! J'étais un tueur sans cible ! (Enfin... sans cible, pas dans le sens du mot sensible !) Je n'avais personne à ma portée. Ma femme était sortie ... Je dis : "Tant pis, je vais tuer le premier venu !"
Je prends mon fusil sur l'épaule... et je sors. Et sur qui je tombe ? Le hasard, tout de même ! Sur... le premier venu ! Il avait aussi un fusil sur l'épaule... (Il avait un chromosome en plus, comme moi!)
Il me dit: "Salut, toi, le premier venu !..."
Je lui dis: "Ah non! Le premier venu, pour moi, c'est vous !"
Il me dit: "Non ! Je t'ai vu venir avant toi et de plus loin que toi !"
Il me dit: "Tu permets que je te tutoie ? Je te tutoie et toi, tu me dis tu !"
Je me dis: "Si je dis tu à ce tueur, il va me tuer !"
Je lui dis: "Si on s'épaulait mutuellement? D'autant que nous sommes tous les deux en état de légitime défense!"
Il me dit: "D'accord !"
On se met en joue... Il me crie: "Stop!... Nous allions commettre tous deux une regrettable bavure...On ne peut considérer deux hommes qui ont le courage de s'entre-tuer comme des premiers venus! Il faut en chercher un autre !"
J'en suis tombé d'accord! Là-dessus, j'entends claquer deux coups de feu et je vois courir un type avec un fusil sur l'épaule...
Je lui crie: "Alors, vous aussi, vous cherchez à tuer le premier venu ?"
Il me dit: "Non, le troisième ! J'en ai déjà raté deux !
Et tout à coup, je sens le canon d'une arme s'enfoncer dans mon dos. Je me retourne. C'était mon médecin...
Qui me dit: "Je viens vous empêcher de commettre un meurtre à ma place...
Je lui dis: "Comment, à votre place ? "
Il me dit: "Oui ! Le laboratoire a fait une erreur. Il a interverti nos deux analyses. Le chromosome en plus, le virus du tueur, c'est moi qui l'ai !"
Je lui dis: "Docteur, vous n'allez pas supprimer froidement un de vos patients ?"
Il me dit: "Si ! La patience a des limites. J'en ai assez de vous dire: Ne vous laissez pas abattre !"
Je lui dis: "Vous avez déjà tué quelqu'un, vous ?"
Il me dit: "Sans ordonnance... jamais ! Mais je vais vous en faire une !"

Raymond Devos



Les cons

      " Hélas à l’inverse du fou, le con ne guérit pas en prenant conscience de son mal. Nous sommes donc tous concernés par les cons qui nous entourent. Ces fiers guerriers combattant pour leurs bons droits à la connerie et convaincus d’être dans le vrai. Car le con, sûr de sa supériorité, ne se remet jamais en cause. (Le con qui s’ignore prend les autres pour des cons). Et pourtant ce manque de lucidité lui est nuisible, il l’empêche de raisonner. Le con est gêné par ce manque et le con pense comme il peut. Car la connerie est un handicap qui lui embrume la perception. Mais attention, loin de moi l’idée de me sentir différent.
      Frédéric Dard disait: " nous sommes tous le con de quelqu’un". Si vous vous moquez de quelqu’un que vous tenez pour définitivement con. Et s’il vous surprend en train de vous moquer, il vous tiendra alors pour un con fini. Vous passerez ainsi du con tenant au con tenu !
      A chaque fois que je suis en amphi et que je prends la personne juste en dessous de moi pour un con. Je me retourne en cherchant celui qui, dans mon dos, me prend pour un con.
      Restons humble face à la connerie, mes frères, et ne nous surestimons pas. Si haut que l’on soit dans l’amphi, il y aura toujours une personne au-dessus de nous qui nous prendra pour un con. "
04/98


Le pape

     " Le Pape est passé à Paris en 97 ; il a réunit 1 million de spectateurs. Les autorités affirmaient que cela prouvait que la religion catholique n’était pas morte, si 1 million de fidèles pouvaient se rassembler devant le saint père. (Le représentant terrestre du Dieu le plus prié).
      Et pourtant, si l’on en croit le livre des records J-M Jarre a réunit 2 millions de fans... Notre J-M-J écrase le pape à 2 contre 1 et il fait passer le catholicisme pour une secte sous influante ; alors que lui, apparaît comme le nouveau messie. Est-ce parce que les gens croient moins en Dieu, qu’en la musique? Est-ce parce que les gens n'ont plus peur de l’enfer ? Dieu m’en préserve, que notre sainte mère l’église continue de brûler les sorcières et que notre sainteté le pape continue d’interdire le préservatif (Amen). Et tant pis si on m’envoie tenir compagnie à Satan, au moins j’y aurais moins froid qu’en amphi de Méca."
97


Le jeune est méprisable

"      Il convient de mépriser le jeune. Car le jeune est l'être le plus méprisable du monde.

      Déjà, le jeune est physiquement odieux : entre ses pollutions nocturnes (liées à une mauvaise adéquation entre ses hormones et son corps) et sa peur de la douche, le jeune pue ; et puis le jeune pousse (il grandit) mais pas tout en même temps : résultat, le jeune offre à la vue des proportions disgracieuses, le jeune est laid.
      Mais il y a bien pire : le jeune est l'être le plus conformiste de notre société. Il est conformiste dans sa façon de vêtir son corps (qu'il a laid, rappelons-le). Ce qui caractérise la mode jeune, c'est le recours systématique à l'uniforme : quoi de plus conformiste que le jean ? Quand il veut se la jouer rebelle, le jeune endosse un nouvel uniforme, il se déguise en punk, en hardeux, en grunge, en techno. Quoi de plus facile à démasquer qu'un jeune, puisqu'il s'habille systématiquement en jeune ?
      Il est conformiste dans ses relations familiales. Il croit malin d'entrer en conflit avec son père (pour le jeune mâle) ou avec sa mère (pour le jeune femelle). Oedipe quand tu nous tiens...
      Il est conformiste dans ses engagements politiques. Il n'y a qu'à voir l'unanimité suscitée chez le jeune par la moindre «idée jeune» : le pin's «Touche pas mon pote», les manifs Devaquet, les manifs universitaires... le débat est interdit, la contradiction est suspecte : un dangereux conformisme dans l'anticonformisme.
      Et puis, le jeune est inculte. Son conformisme le pousse à adopter sans recul ces mythes romantiques que sont l'intuition et la première impression : l'art ne s'analyse pas, l'histoire ne nous apprend rien (cf. Sting, vieux chanteur de musique de jeune), toutes les idéologies sont dangereuses... Alors le jeune est encore plus conformiste et manipulable. Les modes ont directement prise sur son faible intellect, la publicité devient son unique mode de pensée («la vérité est ailleurs» comme idéal politique !). Résultat, le jeune est con.
      Si c'était tout... mais non, en plus, le jeune est velléitaire (pour nos lecteurs jeunes, velléitaire signifie : «qui a des intentions fugitives, non suivies d'actes»). Ses vagues révoltes, ses pauvres rébellions sont limitées par sa peur de compromettre son petit avenir. Il ne fera rien qui risque de nuire à sa future carrière de vendeur de cravates. Sa critique de la société n'a qu'un but : s'y faire une place. Alors la révolte de jeune (dont il est tellement fier) est systématiquement vouée au mieux à l'échec, au pire à la récupération mercantile ou politique.

      Résumons : le jeune sent mauvais, est laid, conformiste, inculte, con et velléitaire."

A R N O *,
webmestre du Scarabée.



Le jeune est admirable

"      Il faut aimer le jeune. Car le jeune est l'être le plus admirable de la création.

      D'abord, le jeune est le plus beau jouet sexuel jamais inventé. Son inexpérience, sa volonté de faire plaisir, sa naïveté en feront l'objet idéal de vos perversions. Culpabilisez-le un peu, mentez-lui un peu, et vous tirerez du jeune des modes de fonctionnement étonnants : «Mais non, ça fait pas mal»...
      Ensuite, le jeune est gentil. Toujours prêt à rendre service. Sous couvert de lui apporter une expérience du monde du travail, de rencontrer du monde, vous pourrez toujours lui faire faire gratuitement les boulots pour lesquels vous rechignez à débourser le moindre centime. Pourquoi payer une secrétaire pour faire des photocopies : un stagiaire jeune sera toujours ravi de vous rendre service. Et même, faites l'économie d'une photocopieuse, le jeune est débrouillard, il trouvera bien dans son entourage un propriétaire d'une machine... Le jeune ne coûte pas cher.
      Et puis, n'oubliez jamais ceci : le jeune a des parents. Pas facile de vendre des trucs (des machins, des bidules, quoi) à des parents. Des parents, c'est économe, pas dépensier, et puis ça se méfie. Mais que ne feraient-ils pas pour leur jeune ? A lieu de cibler directement les parents, attaquez le marché jeune : faites plaisir au jeune, vous conquérez les parents. Autre avantage : le jeune a des copains. Et les copains du jeunes sont des jeunes eux aussi. Quelle économie de temps et de moyens : si votre produit plaît à un jeune, alors il plaira à tous ses copains !
      Et le jeune aime dépenser. Il adore dépenser pas cher. Et comme un produit pas cher vendu souvent rapporte beaucoup plus qu'un produit cher vendu pas souvent (est-ce clair ?), c'est tout bénef ! Pour épater ses copains (voir ci-dessus), le jeune achète tout plein de trucs inutiles pas trop chers à acheter, et encore moins chers à fabriquer. Ah, le jeune, c'est une vraie tirelire ambulante !
      En politique aussi, le jeune est pratique : il ne paie pas d'impôts et, généralement, il est trop jeune pour voter. Alors quand le jeune manifeste, on n'a aucune hésitation à lui envoyer les CRS pour lui faire bouffer des matraques : c'est pas lui qui va retourner votre gouvernement !

      Résumons : le jeune est le jouet sexuel idéal, il est gentil, il a des parents, des copains, et il aime dépenser. En plus, il n'a pas le droit de se plaindre. "

A R N O *,
webmestre du Scarabée.